Motif Paisley, symbole oublié

C’est un symbole qui passe inaperçu et qui pourtant est présent absolument partout ! On le retrouve sur à peu près tous les types de textiles aujourd’hui, tellement il s’est démocratisé. Son histoire a plusieurs milliers d’années et ses significations sont essentiellement religieuses et spirituelles. Regardons maintenant comment ce motif « cachemire » a réussi à s’immiscer dans toutes les maisons.

UNE HISTOIRE TRES ANCIENNE

Si nous l’appelons aujourd’hui le motif Paisley, c’est uniquement en raison de la ville écossaise du même nom qui est en grande partie responsable de son introduction en Occident. En effet, c’est au 18ème siècle que la Compagnie britannique des Indes Orientales, entreprise commerciale la plus puissante de son époque, a rapporté ces fameux châles de Kashmir sur lesquels étaient représentés ces curieux motifs, par la route de la soie et jusqu’à Paisley et ses manufactures de textile. De là, toute dimension spirituelle que ce symbole pouvait porter a été oubliée et il alors s’est répandu grâce à cette surproduction, d’abord dans l’aristocratie, avant de se généraliser dans tous les milieux.

Mais son histoire, aussi loin qu’on puisse la retracer, remonterait au premier millénaire avant Jésus-Christ, entre la Babylone ancienne pour certains auteurs et au cœur de la religion perse du zoroastrisme (du nom du prophète Zoroastre), aussi appelé le mazdéisme (de mazda, « dieu » en perse) pour d’autres. Il était alors connu sous le nom de boteh jegheh, et s’il est difficile d’en définir précisément le sens originel, nous observons que chaque culture qui se l’est approprié a ajouté une nouvelle couche à sa dimension spirituelle, ce qui en fait un symbole mystique aux mille influences.

Plus récemment, les années 60 avec la mode psychédélique et l’attirance explosive vers la culture et les spiritualités orientales l’ont rendu encore plus populaire, l’associant d’ailleurs souvent au Peace & Love (voir mon article à ce sujet). C’est toujours aujourd’hui le motif emblématique des bandanas.

LES SIGNIFICATIONS

Selon les époques, ce symbole a porté plusieurs sens. Certains auteurs, de par sa forme, le relient au feu sacré et éternel zoroastrien, symbole du divin qui devait apporter lumière et victoire sur l’esprit mauvais Ahriman, représentant de la nuit et de la mort.

Mais ce qui revient le plus souvent et qui se retrouve à la fois dans les civilisations assyriennes, élamites et plus tard iraniennes, c’est le thème de l’arbre de vie, plus particulièrement du cyprès. En effet, on lui a donné une place très importante dans ces cultures, et le boteh (arbuste, en persan) en est la représentation miniature, initialement droit, pointé vers le ciel, le lieu éternel, puis se courbant au cours des siècles, selon les représentations, comme symbole d’humilité face aux circonstances de la vie et signe de soumission à leur dieu.

Cet arbre toujours vert quelles que soient les saisons et représenté par cette « goutte », signifie la vie éternelle et la résurrection dans le dieu zoroastrien par exemple, pour celui qui le porte ou le représente. Et l’aspect rectiligne de son tronc et ses branches, semblable à un obélisque pointant vers le haut, comme une colonne qui communique entre deux mondes, lui confère le pouvoir de relier le ciel et la terre, le visible et l’invisible.

Ce symbole du Paisley est donc vu comme un portail vers le monde des esprits, un monde dans un monde, représenté par toutes les petites fioritures généralement dessinées à l’intérieur. La littérature ésotérique compare même le cyprès à une antenne, destinée à relier les êtres défunts aux vivants. Et plus ce symbole fit son entrée en Inde, commençant à se répandre sur tous les châles de cachemire, plus il fut considéré comme un talisman protecteur du mauvais œil et des mauvais esprits, et apportant par la même occasion prospérité et fécondité (l’un des sens de ce symbole dans la culture iranienne était l’utérus).

LA GLAÇANTE HISTOIRE DE CHRISTIAN SHAW…

Avant de conclure, regardons brièvement l’histoire de Christian Shaw, une femme écossaise du 17ème siècle, à l’origine des manufactures de textiles de Paisley. A seulement 11 ans, elle a été responsable de ce qu’on appelle le Procès des Sorcières de Paisley de 1696, lorsque très malade et manifestant des comportements inexpliqués, elle a accusé tout un groupe de personnes de sorcellerie et d’être responsables de sa condition, suite à quoi 6 d’entre elles furent pendues puis brûlées. L’une des victimes, avant de mourir, maudit tous les gens présents, et encore aujourd’hui, à Paisley, un fer à cheval est installé comme mémorial sur leur lieu de sépulture, afin de protéger la ville de ces malédictions.

Ce n’est pas anodin que toute cette histoire se retrouve mêlée au développement du motif Paisley en Occident.

CONCLUSION

Comme nous le voyons, le parcours spirituel du symbole de Paisley est bien chargé pour ce qui ne paraît être qu’un petit « buisson fleuri » souvent réduit à sa dimension décorative. Il y a parfois des histoires qu’on pourrait dire anecdotiques, mais je ne crois pas au hasard et je pense au contraire qu’il faut parfois s’arrêter aux détails, car mis bout à bout, ils confirment des intuitions qui doivent nous pousser à agir. Un symbole n’est pas qu’une image, il représente des choses qu’on ne perçoit pas pleinement et porte tout un contenu spirituel. En tant que chrétien, on ne peut pas juste en ignorer cela en disant que ce n’est qu’un dessin, car Dieu est un Dieu jaloux et il nous appelle à la sainteté. C’est pour ça que dans notre démarche biblique de consécration et de sanctification, il est essentiel de rechercher ce qui n’est pas à sa gloire dans nos maisons et de s’en débarrasser le cas échéant, comme l’Eternel nous le demande. Et il est aussi important de demander pardon au Seigneur qui veut et doit être la seule influence dans nos maisons et nos familles.

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Bibliographie :

http://www.heritageinstitute.com/zoroastrianism/trade/paisley.htm

http://www.teheran.ir/spip.php?article2303#gsc.tab=0

Article écrit par Cédric Fruhinsholz

Cédric, sa femme et ses quatre petits «Fruhi» sont originaires de France et vivent actuellement au Québec. Nul doute que leurs pérégrinations, dans différents coins du monde ont influencé sa musique et son écriture. Fils de pasteur, Cédric trace d’abord son chemin personnel sur la voie de la louange pop francophone, avec notamment la sortie de deux albums en 2012 (« Que tout te rende gloire ») et 2015 (« Emerveillé »), avant de se mettre à écrire et enseigner la Parole de Dieu.

Cet article a 1 commentaire
  1. Pouzet Reply

    Merci pour vos recherches et l’avertissement. Je ne connaissais pas, je suis reconnaissante au Seigneur de nous mettre en garde par votre intermédiaire. Soyez béni et fortifié !

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