Dans ce Psaume, nous lisons encore que les méchants croissent et fleurissent (v.7), en d’autres termes qu’ils évoluent dans la société, plutôt vers le haut et qu’ils prospèrent. Mais est-ce que nous aussi, chrétiens, allons prospérer ? Nous avons parfois l’impression de ramer pour réussir des choses que d’autres obtiennent d’une facilité déconcertante, en tout cas à nos yeux, parce que comme souvent, nous avons plus de facilité à voir les choses qui ne vont pas que celles qui vont, même les petits miracles du quotidien. Lisons ce passage très connu : « Toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu… » (Romains 8,28)
C’est une vérité fondamentale de la vie chrétienne. Toutefois, il n’est pas écrit que toutes choses concourent au bien de ceux qui « croient en Dieu » ou qui « croient qu’il y a un Dieu ». A la lumière de ce que nous allons voir, la définition du chrétien est plus exigeante. C’est facile de croire en Dieu, son existence, même en sa puissance, comme c’est le cas de beaucoup de gens. Seulement nous devons réaliser que même les démons le croient (Jacques 2,19) ! Et c’est pour cela qu’ils tremblent. Mais c’est autre chose d’« aimer Dieu ». Par exemple, quand Dieu aime, il s’engage. C’est très bien exprimé dans Jean 3,16 : « Car Dieu a tellement aimé le monde, qu’il a donné son fils unique, afin que quiconque croit en lui ne meure pas, mais qu’il ait la vie éternelle. »
Dieu a aimé et il s’est engagé pleinement jusqu’à donner son propre fils. Les termes bibliques « aimer » et « haïr » sont des termes légaux qui marquent un engagement, ou au contraire l’absence d’engagement. Ce sont des termes d’alliance que l’on retrouve dans d’autres textes officiels du Proche-Orient Ancien et qui n’ont rien à voir avec les émotions humaines de l’amour ou la haine, telles que nous les définissons aujourd’hui dans le langage courant. Nous sommes dans un cadre d’alliance. Donc lorsque l’apôtre Paul écrit cette promesse que « toutes choses concourent au bien de ceux qui aiment Dieu », il est question de ceux qui font alliance avec Dieu, qui s’engagent avec et pour lui.
Prenons une minute pour définir ce qu’est l’engagement chrétien. Tout d’abord, Dieu fait alliance avec nous au travers du sang de Jésus, et rien ni personne d’autre. C’est son sang qui est le symbole et le vecteur de l’alliance. Dieu nous a aimé le premier, et c’est à nous de l’aimer en retour, en recevant le sang de Jésus comme un manteau sur nos vies et en nous engageant pour lui. Nous nous engageons quand nous décidons de nous offrir à lui dans l’obéissance. Nous voyant dans cette position d’obéissance, Dieu nous envoie, et avec l’envoi, il y a la provision, de la même manière qu’avec l’ordre, il y a l’autorité. Une chose est sûre : Dieu veut nous envoyer, selon ce qu’il a dit au prophète Esaïe 6,8 : « J’entendis la voix du Seigneur, disant : Qui enverrai-je, et qui marchera pour nous ? » (Esaïe 6,8)
Et quand Dieu envoie, il pourvoit. Pour que toutes choses concourent à notre bien, il nous faut donc premièrement « aimer » Dieu, être prêt à partir pour lui, le laisser diriger, en d’autres termes, « offrir nos corps comme un sacrifice vivant » (Romains 12,1). Cet appel du Seigneur à marcher pour lui signifie aussi qu’il a quelque chose de prévu pour nous. L’apôtre Paul nous le révèle dans son épitre aux Romains 8,30 : « Et ceux qu’il a prédestinés, il les a aussi appelés. »
Il nous a prédestinés puis appelés, cela veut dire qu’il a prévu une destinée pour nous, qu’il a fixé des choses précises pour chacun de nous. Il a un plan personnel dans lequel il nous conduit et qu’il est bon pour nous d’accomplir, pour sa gloire, et qui va nous emmener dans des lieux, des villes, des groupes de personnes, pour pouvoir bénir, donner et recevoir, être des témoins du Seigneur. C’est très important de comprendre cela. Je le répète, l’Eternel Dieu a un plan particulier pour chacun de nous, sans en oublier aucun !
Maintenant, si nous choisissons d’aimer Dieu, donc si nous nous engageons avec lui, alors nous devons être prêts à partir par obéissance, être prêt à se rendre dans le lieu où le Seigneur nous appelle, quelles que soient les difficultés qui peuvent apparaître ou que l’on peut s’imaginer (car l’imaginaire est aussi un frein de taille !). Nous avons tout intérêt à y aller. Et pourquoi cela ? Parce que nous rentrons dans le cadre de cette promesse de Romains 8,28. La suite de ce verset est importante et confirme ce que nous venons de dire : « toutes choses concourent au bien […] de ceux qui sont appelés selon son dessein ». Paul nous parle d’appel et de destinée, le dessein de Dieu.
Une bonne définition de l’engagement dans la foi se trouve dans la réponse d’Israël en Exode 24,7 : « nous le ferons, et nous écouterons (=obéirons) ». Remarquez l’ordre des verbes : Israël s’engage à « faire » avant de savoir dans quoi il s’engage ! C’est une condition du cœur, d’être prêt à suivre l’appel de Dieu avant même qu’il le donne. Et même lorsque Dieu envoie sa Parole, nous ne savons pas forcément où ça va nous mener, mais nous nous mettons en mouvement. Martin Luther King Jr l’a très bien exprimé en disant ceci : « [l’engagement de] la foi, c’est monter la première marche quand on ne voit pas tout l’escalier ». En termes un peu plus bibliques, c’est de dire à Dieu comme Abraham, Jacob, Samuel et plus particulièrement Esaïe (6,8) : « Me voici, envoie-moi ». Notre réponse ne doit pas dépendre de l’appel, sinon je crains que beaucoup ne se lèvent pas, ou fassent comme Jonas et partent à l’opposé. Nous sommes les serviteurs de Dieu, mais plus encore, nous sommes ses amis : « Je ne vous appelle plus serviteurs, parce que le serviteur ne sait pas ce que fait son maître ; mais je vous ai appelés amis, parce que je vous ai fait connaître tout ce que j’ai appris de mon Père. » (Jean 15,15)
Jésus nous partage ses projets, ce qu’il a appris du Père. Et nous savons que s’il nous envoie, c’est donc que nous en sommes capables, mais capables seulement par lui et par sa force et son autorité. Il nous rend capable de faire ce qu’il nous commande de faire. Ce n’est pas une possibilité, c’est une assurance. Car il nous envoie et nous avons l’espérance de la victoire, quelles que soient les difficultés ou les oppositions. Même les échecs ou les retards ne sont pas une fatalité, pas avec Dieu. J’en ai parlé plus tôt, mais je voudrais le redire ici, c’est que l’accomplissement des choses de Dieu prend parfois du temps. Et œuvrer pour Dieu c’est accepter qu’il a un projet plus grand que juste nous et nos besoins immédiats. Comprenez-moi bien, il est fidèle et juste pour s’occuper de chacune de ces choses. Nous devons le croire, le proclamer, et en témoigner pour lui rendre gloire. Mais son appel et ses desseins nous incluent dans une œuvre plus grande, celle de la Rédemption de la Création, selon ce que nous dit Paul en Romains 8,22-23 : « Or, nous savons que, jusqu’à ce jour, la création tout entière soupire et souffre les douleurs de l’enfantement. Et ce n’est pas elle seulement mais nous aussi, qui avons les prémices de l’Esprit nous soupirons en nous-mêmes, en attendant l’adoption, la rédemption de notre corps. »
Un jour toute justice sera manifestée et tout aura été soumis à Dieu, même la mort (1 Corinthiens 15). Et nous sommes des ouvriers dans ce grand projet, il faut garder cela en tête. Ce que nous faisons aujourd’hui est le ferment et le socle de ce que ferons les suivants, et ainsi de suite jusqu’à l’avènement du Fils de Dieu, Jésus-Christ. Nous travaillons ensemble et ne devons pas oublier que le Seigneur met en œuvre l’infiniment grand, tout en s’occupant de l’infiniment petit de nos vies. Il est aussi question d’un livre dans le ciel, qui appartient au Seigneur et où il parle de nous ! L’Eternel y a écrit ses projets pour nous, selon le Psaumes 139,16 : « Quand je n’étais qu’une masse informe, tes yeux me voyaient ; et sur ton livre étaient tous inscrits les jours qui m’étaient destinés, avant qu’aucun d’eux existe. »
Dans ce livre, pour chaque homme et femme, Dieu ouvre un nouveau chapitre, et alors que nous ne sommes que des embryons, des « masses informes », il écrit déjà dedans tout ce qu’il a prévu pour nous, car il a prédestiné des choses qu’il nous appelle à accomplir d’une part pour sa gloire, et d’autre part aussi pour notre bonheur. Rentrer dans les plans du Seigneur est une bénédiction pour nous et pour notre famille. Mais rendons-nous compte de la puissance de ce verset. C’est que chaque être humain est inscrit dans le projet de Dieu. Chaque être humain est prédestiné dans son œuvre. Chaque membre de nos familles, chacun de nos enfants, de nos amis peut avoir une place au service du Seigneur. Et à chacun aussi appartient la responsabilité d’y répondre et de le suivre. Mais c’est tout de même incroyable de réaliser quelle importance nous avons aux yeux de l’Eternel pour que ses desseins nous incluent ! Lorsque nous disons « moi et ma maison nous servirons l’Eternel » (Josué 24,15), nous entrons dans ce thème de l’obéissance et de l’appel de Dieu, et cela impacte sans aucun doute toute notre famille, que Dieu bénit, quel que soit le lieu où elle se trouve.
Alors choisissons ces plans de Dieu pour nous, ses projets pour nos vies. C’est tout à notre avantage d’y entrer, dans ce scénario en quelque sorte que Dieu a prévu pour nous. Cela ne signifie pas que nous sommes des robots, bien au contraire. C’est un désir volontaire qui nous pousse à prier ainsi : « Seigneur, fais-moi entrer dans tout ce que tu as prévu pour moi et ma famille, ce que tu as écrit pour ma vie dans ton livre, et garde-moi de m’en écarter. »
Ça c’est le désir de mon cœur et c’est ça aussi la vie chrétienne : c’est l’aventure avec et pour Dieu ! Il s’agit de s’aligner sur le chapitre du livre que l’Eternel a déjà écrit pour nous. Nous sommes prédestinés. Et c’est sur ce chemin que nous grandirons le mieux, jusqu’à être semblable à l’image du fils de Dieu (Romains 8,29), dans son obéissance, dans sa sanctification. Ça fait partie de notre appel.
Enfin comme dit Paul aux Philippiens : « Je sais vivre dans l’humiliation, et je sais vivre dans l’abondance. En tout et partout j’ai appris à être rassasié et à avoir faim, à être dans l’abondance et à être dans la disette. Je puis tout par celui qui me fortifie. […] Et mon Dieu pourvoira à tous vos besoins selon sa richesse, avec gloire, en Jésus-Christ. » (Philippiens 4,12-13 et 19)
Voilà la provision de Dieu dans son appel : selon sa richesse ! C’est rassurant. Alors quelles que soient les circonstances, comme l’a proclamé le peuple d’Israël : « nous ferons et nous obéirons ».