« Car toi, Eternel, tu es le très-haut sur toute la terre, tu es souverainement élevé au-dessus de tous les dieux ». Comme il est écrit dans le Psaume 97,9, notre Dieu est souverain. L’apôtre Pierre également parle de Jésus comme étant notre « souverain berger » (1Pi 5,4). Cela signifie qu’il est au-dessus de tous les dieux, au-dessus de tous les noms, ou pour résumer, au-dessus de tout. Cette partie-là est facile à comprendre. Ses implications le sont peut-être moins, voire peuvent nous bousculer.
Une puissance souveraine implique un pouvoir qui n’est limité par aucun autre. Or nous connaissons notre Dieu comme le Dieu de victoire, qui a détruit les œuvres de Satan, l’ennemi de nos âmes, en livrant son fils unique à la croix. Et il nous rend nous-mêmes victorieux par le sang du Christ. Mais voici une question difficile : Dieu, en tant que souverain, est-il donc en contrôle de tout ? Du bien comme du mal ? La réponse est oui. Et nous allons le voir.
Je discutais récemment de ce verset de Job repris dans un chant très connu de Matt Redman : « L’Eternel a donné, l’Eternel a pris. Que le nom de l’Eternel soit béni ! » (Job 1,21b, repris dans le cantique « Béni soit ton nom »). L’une des personnes faisait remarquer que chanter cela était une aberration, car Dieu ne reprend pas. Selon elle, cela serait aussi aberrant que de dire que notre Père céleste envoie les maladies, et que par conséquent cela entraînerait une mauvaise conception de qui est Dieu, car quel père ferait cela ? Une seconde personne a qualifié cette parole de Job d’hérésie, et une autre a finalement insisté sur le fait que Dieu ne change pas d’avis : il donne et Satan reprend.
Ce qui me gêne premièrement, c’est de changer le texte biblique en faveur de notre propre interprétation des choses. Il est bien entendu évident que tout verset ne peut pas être pris hors de son contexte, car nous pourrions lui faire dire tout et son contraire. Mais cette phrase de Job, prononcée au cœur de la souffrance est pourtant porteuse d’une vérité essentielle sur Dieu : en toute circonstance, Dieu est souverain et digne d’être loué. Quelle réaction et quelle leçon incroyable de Job pour nous !
Commençons donc par remettre ce verset dans son contexte. Tout d’abord l’auteur du récit de Job est inconnu, mais nous savons que « toute Ecriture est inspirée de Dieu » selon 2 Timothée 3,16. Derrière la plume se tient, invisible, l’Esprit de Dieu. Et ce principe vaut pour toute notre Bible, de la Genèse à l’Apocalypse de Jean. Job nous est présenté au tout premier verset comme étant intègre et droit, craignant Dieu et se détournant du mal. Satan se présentant devant Dieu comme un accusateur, intime l’idée que la foi de Job est conditionnelle à ses richesses et à la bénédiction divine sur sa vie. Il s’ensuit un verset difficile à entendre, tant il semble s’opposer à notre représentation de Dieu : « L’Eternel dit à Satan : Voici, tout ce qui lui appartient, je te le livre ; seulement, ne porte pas la main sur lui. Et Satan se retira de devant la face de l’Eternel. » (Job 1,12). Quelques versets plus loin, Satan insiste et à nouveau « l’Eternel dit à Satan : Voici, je te le livre : seulement, épargne sa vie. » (Job 2,6). Nous venons bien de lire à deux reprises que l’Eternel lui-même livrait Job à Satan, alors même « qu’il demeure ferme dans son intégrité » (Job 2,3).
Nous avons tous, à un moment donné, subi la perte d’un proche, de possessions, ou la santé, pouvant faire naître en nous tellement de questions. Nous avons même pu ressentir de l’injustice, de la colère à l’égard de la vie, à l’égard de Dieu. C’est une réaction humaine, la souffrance et le manque nous ébranlent jusqu’à parfois ne pas reconnaître nos propres réactions. Jésus a lui-même pleuré la perte de son ami Lazare. De son côté Job a également crié à Dieu, jusqu’à regretter d’être né, et pourtant, « en tout cela, Job ne pécha point et n’attribua rien d’injuste à Dieu » (Job 1,22). Quel exemple de foi et de persévérance.
A la fin du livre, l’Eternel se présente à Job pour lui répondre, mais pas comme nous l’aurions attendu. A aucun moment il ne se justifie, ni ne lui rend de comptes, et finalement il ne répond pas à ses questions. Au contraire, il lui rappelle par de nombreux exemples qu’il est souverain, qu’il est le Créateur de toute chose et que rien ne le dépasse. Job en est transformé, car comme il le dit, il a maintenant vu Dieu et sa connaissance ne se base plus seulement sur ce qu’il a pu entendre à propos de lui, mais bien sur une révélation personnelle de sa toute-puissance. Et alors que l’Eternel reprend les 3 amis pour leurs mauvais conseils, il prend soin de préciser que Job a toujours, malgré les circonstances, parlé de lui avec droiture (Job 42,7). Et il le bénit en retour en lui rendant non seulement la santé, mais aussi le double de ses possessions, et en lui redonnant des fils et des filles, ainsi qu’une vie prospère. Job a craint et honoré Dieu, qui l’a restauré et comblé en retour.