Nous savons tous que l’eau est essentielle à la vie, mais réalisons-nous à quel point nous en sommes dépendants ? Car il y a dans l’eau bien plus qu’un simple breuvage et la Parole nous révèle qu’il s’y trouve une clé de la victoire dans nos combats. Nous sommes à maintes reprises exhortés à endurer dans la tempête, à persévérer dans la prière et la louange, à nous soutenir les uns les autres, mais il y a autre chose, de plus profond, de plus constant : « Jésus lui répondit : Quiconque boit de cette eau aura encore soif ; mais celui qui boira de l’eau que je lui donnerai n’aura jamais soif, et l’eau que je lui donnerai deviendra en lui une source d’eau jaillissant en vie éternelle » (Jean 4,13-14). De quoi parle-t-il ? Quelle est cette eau capable de produire en nous les prémices de la vie éternelle ? Et d’où vient-elle ?
Paul nous dit de renouveler notre intelligence pour comprendre ce que nous lisons dans la Parole et dont le sens est souvent plus profond que la première lecture. Là, il parle d’eau et dit qu’il n’y a pas que l’eau physique que l’on boit mais aussi de l’eau de vie, de la même manière qu’il n’y a pas non plus que du pain que l’on mange, mais un autre pain, le pain spirituel de la parole de Dieu qui nous nourrit. C’est un nouveau monde avec de nouvelles réalités. Ici nous avons une eau nouvelle qui nous abreuve, mais plus que ça, elle jaillit de nous. Nous devenons un canal de cette eau spéciale. Ce premier passage nous apprend donc deux choses : c’est Jésus qui nous la donne, et la vie éternelle s’y trouve.
L’apôtre Jean nous en dit plus et vient nous aider à comprendre cette première parole de Jésus : « Le dernier jour, le grand jour de la fête, Jésus, se tenant debout, s’écria : Si quelqu’un a soif, qu’il vienne à moi, et qu’il boive. Celui qui croit en moi, des fleuves d’eau vive couleront de son sein, comme dit l’Ecriture. Il dit cela de l’Esprit que devaient recevoir ceux qui croiraient en lui » (Jean 7,37-39a). Cette source d’eau n’est pas seulement un simple filet d’eau, c’est un fleuve, et ce fleuve, nous explique Jean, est l’Esprit de Dieu en ceux qui croient en lui. Lorsque nous naissons de nouveau, que nous naissons « d’en haut » (Jean 3,3), ces eaux spirituelles sont rompues sur nous, et elles déversent en nous et par nous la vie éternelle. Nous naissons alors d’eau et d’Esprit. Ces deux, l’eau et l’Esprit, sont intimement liés. Les écluses des cieux s’ouvrent et nous devenons le canal de cette source vivante, qui coule de notre « sein », notre « ventre », de nos entrailles qui sont les profondeurs de notre être.
C’est très visuel, et lorsque Paul nous dit de renouveler notre intelligence, il nous appelle aussi à discerner ce qui se passe, voir avec des yeux nouveaux, et essayer de visualiser ce qui est en train de se passer pour nous permettre de mieux comprendre ce qu’il se passe : un fleuve sort de notre être et commence à se répandre devant et autour de nous. Nous sommes le point de départ terrestre de ce fleuve si spécial sur la terre.
Et ce genre de miracle très visuel est déjà arrivé. Rappelons-nous le miracle du rocher dans le désert du Sinaï, lorsque Moïse, investi de la puissance du Seigneur, lui parla avec autorité et en fit sortir un fleuve pour abreuver son peuple entier, avec tout son bétail (Nombres 20). On parle de millions d’êtres vivants qui bénéficièrent de cette grâce surnaturelle, qui n’était pas qu’un simple filet d’eau, mais bien un courant abondant qui les maintint en vie en pleine terre aride. Cet événement nous oblige à renouveler notre intelligence, parce que nous sommes en dehors des règles de notre monde.
Ce rocher dans le désert, nous dit Paul en 1 Corinthiens 10,4, n’est autre que Jésus, Rocher spirituel qui a ouvert un passage impossible, « d’en haut », pour que sa vie coule en abondance et dès maintenant. Jésus est le Rocher sur lequel nous sommes fondés, c’est donc le même miracle auquel nous avons part, l’Esprit de Dieu qui coule à travers nous en ces eaux vives et abondantes, à partir de Jésus, le Rocher de siècles (Esaïe 26,4). Ce que Jésus nous révèle comme réalité spirituelle, d’être abreuver d’une eau spirituelle a déjà eu lieu physiquement dans le désert. Alors si l’un a pu se produire, nous avons l’assurance de ne jamais manquer de cette eau abondante spirituelle.
Jésus nous a ouvert un passage impossible, le chemin dans le lieu très saint, qui nous donne accès au ciel, à un nouveau Royaume, de nouvelles réalités et lois physiques qui ne sont pas de ce monde : marcher sur l’eau, en faire sortir d’un rocher, guérir des infirmes, etc. C’est parce qu’il a fait de nous des créatures nouvelles. Et ce qui est incroyable avec l’eau, c’est qu’elle se répand partout : il n’existe aucun lieu qui ne puisse être abondamment submergé et vivifié par les flots de l’Esprit de Dieu, pas un recoin de nos vies, pas une seule circonstance qui voudrait nous plonger dans la peur et l’angoisse. Et par ce miracle, le Seigneur nous donne aussi le moyen d’être une source inépuisable de bénédiction dans ce monde.
Mais ce qui est encore plus extraordinaire, c’est la source de ce fleuve. Ça nous est présenté comme une ombre des choses à venir dès le 2ème chapitre de la Genèse, ainsi que dans le dernier livre, l’Apocalypse. Incroyable, ça apparaît d’un bout à l’autre de la Bible ! Un « fleuve sortait d’Eden pour arroser le jardin » (Genèse 2,1) ; qui nous est pleinement révélé dans le dernier chapitre d’Apocalypse : « Et il me montra un fleuve d’eau vive, éclatant comme du cristal, sortant du trône de Dieu et de l’Agneau. Au milieu de sa rue, et du fleuve, de çà et de là, était l’arbre de vie […] les feuilles de l’arbre sont pour la guérison des nations » (Apocalypse 22,1-2). Voyez-vous cela ? Jésus, dans l’évangile de Jean, fait le lien entre ces deux lieux, d’une part le Jardin d’Eden magnifique et tous ses arbres pleins de fruits, dont l’arbre de la connaissance du bien et du mal et l’arbre de vie, et d’autre part l’Apocalypse où l’apôtre a à nouveau une révélation sur les sources d’eau vive. S’il y voyait l’Esprit en nous dans son Évangile, il en témoigne maintenant de l’origine. En effet, par l’œuvre expiatrice de Jésus, le Rocher sur lequel nous sommes fondés, et la présence de l’Esprit en nous, qui agit comme un canal : nous sommes directement et en tout temps reliés au trône de grâce du Père et de l’Agneau ! Réalisons-le : tout de suite derrière ce rocher, il y a le trône de Dieu.
Le prophète Ézéchiel a vu ce trône majestueux dans sa vision de la gloire de Dieu. C’est donc dans sa présence même, le grand Dieu de toute la Création, que prend naissance ce fleuve, là où siègent le Père éternel et notre Seigneur et Sauveur. Il nous remplit et nous pouvons y boire en tout temps, mais également, il nous traverse et ainsi nous pouvons abreuver ceux qui nous entourent. Cela fait de nous les dispensateurs de sa vie, de sa grâce, de sa guérison, de son amour, et tout cela en abondance !
Nous ne devons pas négliger cette réalité, et Paul nous appelle à renouveler notre intelligence, à changer notre manière de comprendre les vérités de la Parole. Nous pouvons facilement visualiser ce qui se passe, pour le rendre plus concret dans notre esprit, pour mieux saisir ce miracle qui est à l’œuvre, cette réalité qui est spirituelle et qui a le pouvoir d’impacter toute notre existence et celle de nos proches. Je savais que l’Esprit de Dieu habitait en nous, son Temple, mais je n’avais jamais réalisé la proximité avec la présence éternelle de Dieu, avec son trône glorieux, qui est à portée de main, juste là derrière ce Rocher, Christ en nous. À plusieurs reprises, Jésus nous rappelle que le Royaume des cieux est proche (Matthieu 3,2 ; 10,7). Ô comme nous y sommes intimement connectés ! Nous ne sommes pas séparés de sa présence. Il a réuni en lui les cieux et la terre, le spirituel et le naturel.
Remarquons maintenant l’arbre de vie dont les racines sont comme plongées « au milieu … du fleuve, de ça et de là… ». Il est précisé que ses feuilles sont pour la guérison des nations. On peut imaginer que cet arbre infuse ce fleuve de vie et de guérison, qui vont s’exprimer à travers nous pour la guérison des nations, telle que le prophétise Esaïe : « L’Esprit du Seigneur, l’Éternel, est sur moi, car l’Éternel m’a oint pour porter de bonnes nouvelles aux malheureux ; Il m’a envoyé pour guérir ceux qui ont le cœur brisé, pour proclamer aux captifs la liberté, et aux prisonniers la délivrance » (Esaïe 61,1). Nous sommes rendus capables de faire cela. Notre impact a un potentiel quasi infini : un seul rocher dans le désert a abreuvé plusieurs millions d’êtres vivants. Voilà ce que le Seigneur peut faire avec chacun de nous, lorsque nous le réalisons et que nous le laissons couler et se répandre à travers et autour de nous. Nous n’avons pas à attendre la nouvelle Jérusalem pour avoir part à cet arbre de vie, nous y sommes déjà connectés.
Nous nous sentons parfois, même souvent, incapables de grand-chose, inutiles et sans force. Mais quel être est capable d’offrir aux gens une eau vivante ? Seulement une nouvelle créature, fondée sur le Rocher, Jésus-Christ, ce qu’il a fait de nous. « Toutes choses sont devenues nouvelles » (2 Corinthiens 5,17) et nous devons le considérer avec sérieux. Transformons notre intelligence et voyons ce fleuve qui part du lieu très saint de la présence de Dieu nous traverser et se répandre devant nous. Nous avons reçu la vie et nous la libérons partout où nous allons. Travaillons avec l’Esprit-Saint en nous, dans une relation d’intimité quotidienne, constante. « N’éteignons pas l’Esprit » (1 Thessaloniciens 5,19), ne coupons pas ce courant, car nous avons été créés, renouvelés en de nouvelles créatures pour bénir la création tout entière, pour libérer la vie éternelle sur la terre, et par cela, faire étendre le Royaume de Dieu ici-bas. Rien ne résiste à un courant puissant, à ses « ondes retentissantes » (Psaume 93,3), aucune muraille ni aucune forteresse. C’est un déluge pour la vie, pour la bénédiction, pour la restauration des âmes.
David avait déjà conscience que la terre serait ébranlée, mais il a vu ce fleuve et la cité inébranlable de Dieu et ça l’a rempli d’espérance : « C’est pourquoi nous sommes sans crainte quand la terre est bouleversée […] Il est un fleuve dont les courants réjouissent la cité de Dieu, le sanctuaire des demeures du Très-Haut. Dieu est au milieu d’elle ; elle ne sera pas ébranlée »(Psaumes 46,2 ; 5-6a). Il nous dit aussi que « quand on tourne vers lui les regards, on est rayonnant de joie, et le visage ne se couvre pas de honte ». Quel est le rapport entre ces deux versets, me direz-vous ? En hébreu, « fleuve » se dit nahar, et c’est aussi le verbe que l’on traduit ici par « rayonner ». Nos traductions n’expriment malheureusement pas ce lien maintenant évident de la joie qui « coule comme un fleuve » lorsque nos regards se tournent vers lui. Mais cette révélation, David l’avait comprise et nous la partage.
Alors réjouissons-nous, chassons la peur et soyons une source d’eau vive autour de nous en étant constamment plongés dans ce torrent de l’Esprit qui nous relie en tout temps au trône du Père et de l’Agneau et nous fait déjà participer à la vie éternelle !
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