Daniel est un texte dit « apocalyptique », c’est-à-dire qu’il nous apporte une révélation sur les temps de la fin, et notamment sur la manière dont l’esprit de Babylone, auquel ont été confrontés Daniel et ses amis, va essayer de soumettre l’Église de Dieu aujourd’hui. Nous devons en être conscients et nous tenir sur la brèche, alertes et prêts au combat. C’est pour cela qu’il est important aujourd’hui de s’y pencher, non pas seulement sur les derniers chapitres de son livre, mais sur les différentes étapes présentées dans la vie de Daniel et de ses trois amis.
« Toi, Daniel, tiens secrètes ces paroles, et scelle le livre jusqu’au temps de la fin. Plusieurs alors le liront, et la connaissance augmentera. » (Daniel 12,4)
Vivre dans Babylone
Nous voyons notamment que ce livre expose et témoigne, par la vie de Daniel et ses trois amis, des limites de l’obéissance aux lois iniques babyloniennes. Ce sont des lois qui s’opposent à la conscience et aux convictions bibliques dans un contexte de très forte pression sociale et d’insécurité apparente. Cette insécurité pour quatre jeunes hommes se manifeste par leur situation d’exilés. Ils n’ont pas de filets de secours. Dans la Bible, Babylone est l’opposé de Jérusalem, l’antithèse du Royaume de Dieu et c’est pour cela que c’est important de se pencher sur ses stratégies contre l’œuvre de Dieu.
Rappelons-nous donc que Daniel et ses amis étaient exilés loin de leur patrie, donc citoyens d’un autre royaume, réduits à une vie d’esclavage et de soumission. Mais malgré ce contexte, le Seigneur les a mis à part, les a élevés au sein même de Babylone, et par leur attitude, ils nous ont donné l’exemple d’une soumission à l’Eternel au cœur de cette d’opposition. Là où leur foi et la loi du pays s’opposaient, ils ont fait le bon choix, difficile mais assuré, et dans leur consécration et leur endurance jusqu’à la mort, le Seigneur les a gardés, honorés et élevés.
Trois étapes d’une pleine consécration
Ce livre nous révèle trois étapes progressives et pernicieuses de prise de contrôle de l’esprit de Babylone sur les consciences, et par là son combat contre l’Eglise véritable et l’expression libre de la vraie foi. Pour chacune de ces situations, nous retrouvons le même motif :
- DANIEL 1 : L’INTÉGRITÉ PHYSIQUE
- La Décision du chef du gouvernement, le roi, d’apparence anodine et généreuse, mais surtout « obligatoire », qui concerne le domaine physique. Ce n’est pas si anodin que ça, sachant qu’il y a un lien indissociable entre le corps et l’esprit : « Le roi leur assigna pour chaque jour une portion des mets de sa table et du vin dont il buvait, voulant les élever pendant trois années » (Daniel 1,5). Ce à quoi nous soumettons notre corps impacte notre esprit, et inversement.
- Le Risque de la colère du roi de Babylone : « Le chef des eunuques dit à Daniel : Je crains mon seigneur le roi, qui a fixé ce que vous devez manger et boire ; car pourquoi verrait-il votre visage plus abattu que celui des jeunes gens de votre âge ? Vous exposeriez ma tête auprès du roi » (Daniel 1,10). Pour Daniel et ses amis, un refus d’obéir signifierait, au mieux, de finir en prison, à l’état d’esclave.
- La Prise de position de Daniel pour motif de conscience, à cause de sa foi, donc par amour pour Dieu et ses commandements : « Daniel résolut en son cœur de ne pas se souiller par les mets du roi et par le vin dont le roi buvait » (Daniel 1,6a). Il croit, comme l’apôtre Paul, à la sainteté et l’intégrité du corps physique, mis à part pour Dieu, et dont on ne peut disposer comme bon nous semble, que ce soit de notre propre chef ou sur l’ordonnance des gouvernants.
En effet, le corps :
- appartient à Dieu : « Je vous exhorte […] à offrir vos corps comme un sacrifice vivant, saint, agréable à Dieu, ce qui sera de votre part un culte raisonnable » (Romains 12,1),
- ne doit pas être rendu conforme aux attentes du siècle présent qui s’opposent de plus en plus à la Parole, malgré les pressions sociales, malgré les contraintes temporaires ou non, etc. : « Ne vous conformez pas au siècle présent, mais soyez transformés par le renouvellement de l’intelligence, afin que vous discerniez quelle est la volonté de Dieu, ce qui est bon, agréable et parfait. » (Romains 12,2),
- est le Temple du Saint-Esprit : « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit qui est en vous, que vous avez reçu de Dieu, et que vous ne vous appartenez point à vous-mêmes ? » (1 Corinthiens 6,19). Ce à quoi nous le soumettons peut soit honorer le Saint-Esprit, comme en prendre soin, l’utiliser pour son service, etc. ; soit le déshonorer en lui infligeant des sévices, en le maltraitant ou le négligeant, en l’utilisant pour des œuvres et actions déshonorantes, en le soumettant à des produits nocifs, etc.
- doit glorifier Dieu le Père qui l’a créé et Jésus-Christ qui l’a racheté, dans tout ce à quoi nous le soumettons : « Vous avez été rachetés à un grand prix. Glorifiez donc Dieu dans votre corps et dans votre esprit, qui appartiennent à Dieu. » (1 Corinthiens 6,20) Cela confirme le lien fort entre le corps et l’esprit. Notre conscience et notre foi doivent nous éveiller à cela et conduire nos décisions.
En réponse à cela, nous voyons systématiquement :
- La Consécration de Daniel qui assume ses convictions, sa foi, et défend sa cause quoi qu’il en coûte, face à l’obligation qu’impose ce décret : « Il (Daniel) pria le chef des eunuques de ne pas l’obliger à se souiller » (Daniel 1,8b) ? Des « obligations » et les restrictions qui y sont attachées si l’on ne s’y soumet pas peuvent vraiment impacter notre vie quotidienne et ébranler nos sécurités, mais c’est justement là que les convictions fondées sur notre désir d’obéir au Seigneur font la différence.
- La Faveur de Dieu : « Dieu fit trouver à Daniel faveur et grâce (= compassion) devant le chef des eunuques […] L’intendant emportait les mets et le vin qui leur étaient destinés, et il leur donnait des légumes » (Daniel 1,9 ;16). Le Seigneur répond à la consécration de Daniel et honore sa foi. Même le responsable immédiat les a protégés et couverts.
- La Gloire de Dieu a été manifesté par leur témoignage, en ce qu’ils eurent une meilleure santé que les autres. Ça leur a ouvert de nouvelles portes, des postes proches du roi : « Ils avaient meilleur visage et plus d’embonpoint que tous les jeunes gens qui mangeaient les mets du roi. […] Le roi s’entretint avec eux ; et, parmi tous ces jeunes gens, il ne s’en trouva aucun comme Daniel, Hanania, Mischaël et Azaria. Ils furent donc admis au service du roi. » (Daniel 1,15 ;19).
→ Dieu a ouvert une voie là où il n’y en avait pas, en faisant passer Daniel et ses amis de la condition d’esclaves exilés à serviteurs directs du roi et a ainsi honoré leur consécration. Soyons donc conscients de ce premier danger et de la prise de position qu’il nous faut avoir. Que chacun prie et reçoive la direction du Seigneur à ce sujet et pour toute situation qui implique l’intégrité et la santé physique. Même si notre décision et conviction implique un changement radical de notre mode de vie, rappelons-nous qui est notre Rocher inébranlable, et qu’il honore l’obéissance plus que les sacrifices (1 Samuel 15,22).
- DANIEL 3 : L’ADORATION D’UNE IMAGE (pas encore de contrainte ou d’interdiction des croyances)
Dans cette deuxième étape, s’il est question d’adoration d’une image ou idole, il n’y a pas encore d’interdiction d’autres croyances. Cela signifie qu’on oblige à une soumission à une pensée, à des préceptes ou autres, mais sans empêcher chacun d’avoir sa propre foi associée. C’est finalement une sorte d’œcuménisme qui laisse l’impression qu’on ne va pas nous interdire de prier notre Dieu et de vivre notre foi, mais qui va néanmoins nous soumettre à des choses qui vont contre nos convictions.
- La Décision, décret de se prosterner, se courber physiquement comme marque de soumission, et adorer une image, une statue/idole, imposée de manière internationale : « Un héraut cria à haute voix : Voici ce qu’on vous ordonne, peuples, nations, hommes de toutes langues ! […] Vous vous prosternerez et vous adorerez… tous les peuples, les nations, les hommes de toutes langues se prosternèrent et adorèrent » (Daniel 3,4-5 ;7).
- Le Risque de la colère du roi et de la mort physique : « Quiconque ne se prosternera pas et n’adorera pas sera jeté à l’instant même au milieu d’une fournaise ardente » (Daniel 3,6).
- La Prise de position des amis de Daniel, qui refusent de faire ce que la majorité considèrent comme un simple acte physique sans implication spirituelle, mais qui s’oppose réellement à leur conscience et leurs convictions, à leur foi en Dieu : « Or, il y a des Juifs à qui tu as remis l’intendance de la province de Babylone, Schadrac, Méschac et Abed-Nego, hommes qui ne tiennent aucun compte de toi, ô roi ; ils ne servent pas tes dieux, et ils n’adorent point la statue d’or que tu as élevée » (Daniel 3,12). Certains auraient tendance à dire que ce n’est pas si grave de se courber, que ce n’est qu’une attitude physique qui n’engage pas l’esprit ou la conviction, parce qu’on est en droit de penser autre chose secrètement dans son cœur. Mais pour nos 3 amis, l’un impliquait l’autre : l’acte physique de se courber devant l’image souillait déjà leur conscience et ils n’ont pas accepté cela devant Dieu, parce qu’ils le craignaient et l’honoraient. C’est un excellent exemple de consécration qui ne s’arrête pas à ce qui se passe dans notre cœur, mais qui le transcende et se manifeste jusque dans nos actes physiques. Notez que le verbe hébreu pour adorer est sha’hah, qui signifie également la position physique de « se courber, se prosterner ». Dans la pensée biblique, il n’y a pas de séparation entre la position physique et l’acte d’adoration.
- La Consécration des amis de Daniel qui assument leur foi et leurs convictions au risque de perdre leur position dans la société, et de perdre même leur vie : « Voici, notre Dieu que nous servons peut nous délivrer de la fournaise ardente, et il nous délivrera de ta main, ô roi. Sinon, sache, ô roi, que nous ne servirons pas tes dieux, et que nous n’adorerons pas la statue d’or que tu as élevée » (Daniel 3,17-18). Quel niveau de crainte, d’amour, de consécration !
- La Faveur de Dieu qui envoie un ange au milieu de la fournaise ardente et agit puissamment pour eux, en les gardant de la destruction des flammes, un miracle inédit aux yeux de tous : « je vois quatre hommes sans liens, qui marchent au milieu du feu, et qui n’ont point de mal ; et la figure du quatrième ressemble à celle d’un fils des dieux […] Ils virent que le feu n’avait eu aucun pouvoir sur le corps de ces hommes, que les cheveux de leur tête n’avaient pas été brûlés, que leurs caleçons n’étaient point endommagés, et que l’odeur du feu ne les avait pas atteints » (Daniel 3,25 ;27). Par leur obéissance, ils sont entrés dans le monde du surnaturel, du miracle, et ont expérimenté la puissance de Dieu qui honore l’obéissance.
- La Gloire de Dieu a été manifestée par leur témoignage, ce qui a entraîné le roi à adorer l’Eternel à son tour et à honorer les 3 amis : « Nebucadnetsar prit la parole et dit : Béni soit le Dieu de Schadrac, de Méschac et d’Abed-Nego, lequel a envoyé son ange et délivré ses serviteurs qui ont eu confiance en lui, et qui ont violé l’ordre du roi et livré leurs corps plutôt que de servir et d’adorer aucun autre dieu que leur Dieu ! […] Après cela, le roi fit prospérer Schadrac, Méschac et Abed-Nego » (Daniel 3,28 ;30).
Suite dans le prochain article, en suivant ce lien.
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