Le « Peace and Love »

Qui n’a jamais vu le fameux symbole « Peace and Love » ? Depuis une soixantaine d’années, on ne compte plus ses utilisations, dans tous les styles et pour tous les âges. Ce logo a bien une histoire récente que nous allons voir, mais si l’on creuse un peu, nous découvrons que ce « sceau », que beaucoup portent à même le corps, sur des habits, de la bijouterie ou encore en tatouage, a aussi une dimension spirituelle, connue depuis longtemps dans le monde de la magie et de l’occultisme. Prenons donc le temps de nous y attarder un instant.

L’HISTOIRE RECENTE

Ce motif arboré par de très nombreuses personnes est communément appelé le « Peace and Love » (= Paix et Amour). Il a été officiellement créé en 1958 par Gerald Holtom, un artiste britannique, objecteur de conscience pendant la 2nde guerre mondiale et fervent opposant à la guerre nucléaire. « Inventeur » de ce logo, il explique avoir eu deux sources d’inspiration : il voulait d’abord symboliser en signaux sémaphores les 2 lettres D et N pour « Désarmement Nucléaire » (schéma ci-contre), puis représenter, comme il le décrit lui-même, « l’homme dans le désespoir, bras et mains tendus vers le bas à la manière d’un paysan de Goya devant le peloton d’exécution »1. Donc contrairement aux deux thèmes de l’amour et de la paix, c’est ici le désespoir qui est représenté, ce qui s’oppose à l’espérance que nous devons porter et partager en tant qu’enfants de Dieu.

Ce logo a rapidement été associé au mouvement Hippie dans les années 60 et prend alors la connotation de libération des mœurs, pour ne pas dire « libéralisation ». C’est l’époque du « sexe, drogue et rock’n roll ». Ce mouvement revendique la promotion du plaisir à tout prix, l’émancipation des femmes et de leur corps à outrance (hypersexualisation), le refus de toute contrainte et autorité, et j’en passe. Ce sont autant de choix de vie diamétralement opposés à l’enseignement de la Bible. Or, ce n’est pas l’image que nous devrions véhiculer.

UN SYMBOLE PLUS ANCIEN

Creusons un peu plus. En langue celtique, il existe ce que nous appelons des « runes », sortes de lettres formant plusieurs alphabets runiques, utilisés d’une part pour l’écriture, et d’autre part pour la magie et la divination. C’est présent dans le nom même de ces symboles, puisque le proto-celtique rūno signifie « secret, mystère, incantation », tout comme le vieil irlandais rún. En germanique commun, ce même mot a aussi le sens de « savoir secret, magie », puis « mystère, charme » en gallois rhin. Et l’on retrouve également la signification de « murmure » dans plusieurs autres langues d’origine germanique. C’est d’ailleurs la même étymologie que le vieil anglais hellrün, pour « sorcières, personne qui a un esprit de divination ».

Mais ce qui nous intéresse ici, c’est qu’au-delà d’un simple alphabet, chaque rune a une identité propre, une signification occulte, pour une utilisation magique et plus particulièrement lors des rites païens de ces régions. Elles sont utilisées par exemple pour créer des talismans, pour consacrer un objet ou invoquer sur lui (ou sur une personne) ce que ces lettres représentent.

Or, on y trouve la rune Yr. Selon Guido Von List, occultiste allemand de la fin du XIXe siècle (ses écrits sont à l’origine de l’ésotérisme nazi, dont Himmler s’est inspiré), il a entre autres le sens de « colère » (cf. Ephésiens 2,3) ou encore « être dans l’erreur »2. Mais par-dessus tout, cette rune symbolise « la mort », la version inversée de la rune de l’homme (les 3 branches tournées vers le haut). En effet, « sous cette forme de « croix de Néron », elle est la « rune de la mort » de la magie germanique. En raison de cela, elle est souvent utilisée comme symbole indiquant la mort d’une personne »3.

Plus tard, à l’avènement du nazisme, ce symbole a été repris, dans une volonté de retour à une identité et à une quasi-religion ancestrale germanique et surtout païenne. Ce « mysticisme nazi » mêle le pangermanisme, l’aryanisme (racisme) et diverses doctrines ésotériques (occultisme, paranormal, etc.). Des hommes tels qu’Heinrich Himmler, Alfred Rosenberg (« philosophe » officiel du nazisme) ou Rudolf Hess (dauphin d’Hitler) ont plongé dans ces idées. C’est dans ce contexte que ce symbole a été repris, notamment sur certaines pierres tombales, pour représenter la naissance et la mort (Lebensrune, « rune de la vie », branches en haut, et Todesrune, « rune de la mort », branches en bas).

UNE ORIGINE MEDIEVALE ?

On peut encore lire que ce symbole est parfois appelé Whitch’s foot (« pied de sorcière ») et encore crow’s foot (« patte de corbeau »). Et là nous allons remonter un peu plus loin en arrière, puisqu’il est question de superstitions médiévales, parmi lesquelles la patte de corbeau était signe de mort, et plus précisément qu’une sorcière avait jeté un sort de mort. C’est ce qu’explique l’historienne Hope B. Werness dans son Encyclopedia of Animal Symbolism in World Art. Il s’agissait généralement d’une vraie patte animale, bien que plusieurs s’accordent pour dire qu’elle pouvait aussi être directement inscrite/gravée grâce à ce symbole. Si cette origine reste à confirmer, notons néanmoins le lien systématique avec la mort.

UN SYMBOLE DANS UN CERCLE

Enfin, le « Peace and Love » se trouve dans un cercle. Est-ce un choix anodin ? Peut-être l’était-ce pour le créateur du logo, cependant le cercle est considéré comme un symbole magique essentiel. Dans son Encyclopedia of Secret Signs and Symbols, Adele Nozedar explique qu’il représente l’esprit et le cosmos et est censé réunir le spirituel et le naturel : il fait donc office de portail spirituel, un canal entre ces deux mondes. Il est parfois nommé « cercle de protection » ou « cercle magique » car il sert d’enclos énergétique pour contenir dans une zone restreinte les énergies mises en œuvre au cours d’un rituel magique et invocatoire. En d’autres termes, dans l’occultisme, le cercle a pour but de canaliser et potentialiser les énergies magiques générées et propres au symbole magique (ici la rune de la mort). C’est pour cela que nous le retrouvons souvent dans les rituels magiques, comme ceux de la Wicca, la sorcellerie, etc.

CONCLUSION

Sans aller jusqu’à dire que le créateur de ce logo avait tout cela en tête, ce qui est certain et qu’il ne faut pas oublier (encore moins négliger !), c’est que satan, le « prince de la puissance de l’air » (Ephésiens 2,2), a une influence indéniable sur les choses de ce monde, notamment lorsqu’il est question de symboles. En effet, rappelons-nous que beaucoup de personnes portent ce logo sur leurs vêtements, en bijoux ou encore en tatouage, et l’ennemi de nos âmes n’est pas le seigneur de la vie, bien au contraire. Son influence se ressent dans de nombreux domaines, comme ici l’art et le design, et par l’intermédiaire d’un logo qui semble innocent, ce symbole de la mort s’est retrouvé exhibé par de très nombreuses personnes, les liant et les soumettant sans le savoir à une influence spirituelle néfaste.

Nous sommes responsables de ce que nous portons et affichons. C’est comme un sceau sur nous qui devenons l’étendard des valeurs et du sens que ça représente. Chaque symbole a une histoire et un sens qu’on ne connaît pas forcément. C’est pour cela qu’il est important d’être sensible à cette question de ce que nous revêtons, de l’image que nous véhiculons. Et en ce qui concerne ce « Peace and Love », comme le dit le Seigneur à chacun de nous : « j’ai mis devant toi la vie et la mort, la bénédiction et la malédiction. Choisis la vie, afin que tu vives, toi et ta postérité » (Deutéronome 30,19). Alors soyons sensible à cela, faisons le ménage de ce qui n’est pas à la gloire de Dieu, rejetons ces symboles de mort et choisissons la vie.

_____

Bibliographie :

1https://cnduk.org/the-cnd-logo

2https://gnosticstudies.org/index.php/alchemy/runology/the-yr-or-ir-rune

3Nigel Pennick, Runes et magie – Histoire et pratique des anciennes traditions runiques, p.93

Article écrit par Cédric Fruhinsholz

Cédric, sa femme et ses quatre petits «Fruhi» sont originaires de France et vivent actuellement au Québec. Nul doute que leurs pérégrinations, dans différents coins du monde ont influencé sa musique et son écriture. Fils de pasteur, Cédric trace d’abord son chemin personnel sur la voie de la louange pop francophone, avec notamment la sortie de deux albums en 2012 (« Que tout te rende gloire ») et 2015 (« Emerveillé »), avant de se mettre à écrire et enseigner la Parole de Dieu.

Soyez le premier à commenter

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée.